N’est-il pas étrange que Giacomo PUCCINI (1858 – 1924) conserve encore, pour beaucoup, la réputation d’un compositeur superficiel, au style racoleur et prodigue en effets faciles ?
Par ailleurs, il est certain que des éléments récurrents, de nature à indisposer ses opposants, ponctuent l’ensemble de son œuvre. L’exemple le plus frappant demeure la silhouette de ce que l’on a appelé « la petite femme fragile », dont l’archétype apparaît dans Manon Lescaut et se retrouve dans le personnage de Mimi de La Bohème.
Pourtant, dès Tosca en 1900, le compositeur cherche à se libérer des entraves d’un système qu’il a lui-même créé. Bientôt, de plus en plus avide de changements et d’horizons nouveaux, ce passionné de littérature française va entreprendre de sortir de l’Europe pour les sujets de ses opéras en s’attaquant à Madama Butterfly.
Or, le personnage de Cio-Cio-San ne ressemble à Manon ou Mimi qu’en apparence. En réalité, la jeune geisha précède et annonce – par son énergie propre – ses sœurs futures : Minnie de La Fanciulla del West et Liù de Turandot, lesquelles refuseront la seule fonction primaire de passives victimes.
C’est en décortiquant les pages les plus fortes de cette partition que nous serons parfaitement en mesure de saisir le sens des nouvelles formules du génie puccinien.
Patrick FAVRE-TISSOT-BONVOISIN
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