Le mercredi 15 mars 2017 la Dante présentait, à la Commanderie Saint-Jean, une conférence illustrée sur le thème un peu énigmatique de « Giacomo Inaudi, le calculateur le plus célèbre du monde à la belle Epoque »…Dans le cadre si riche d’histoire qu’est la Commanderie Saint-Jean, la conférencière Marie-Thérèse Giorsetti, assistée de Nadine Boisserie, photographe amateur, pour la mise en images et de Christine Taligault, médecin psychiatre, pour le débat, furent accueillies avec le sourire par la présidente de la Dante Christiane Michel.
Dans une ambiance chaleureuse, devant un public intéressé et attentif, nous fut contée l’histoire peu connue de ce petit immigré piémontais venu en France à l’âge de six ans « pour ne pas mourir de faim ».
On suit pas à pas le destin hors norme de cet enfant devenu un adulte célèbre dans le monde entier pour ses talents de calculateur mental, « arithméticien » comme on disait alors.
Parti en 1873 de son village natal, Roccabruna, le petit Jacquou (comme le croquant) et son frère aîné, accompagnés d’une marmotte et d’une « fisarmonica » (petit orgue de barbarie), se produisent sur les places des villages de Provence pour gagner quelques sous. C’est alors que l’enfant, repéré par des négociants qu’il aide à faire leurs comptes, en particulier par M. Dombey dont il épousera plus tard la fille, commence sa carrière de calculateur.
Accompagné de sa femme Marie-Antoinette Dombey, née à saint-Etienne, et de son impresario M. de Thorcey, illusionniste déjà connu il monte à Paris où il va vite connaître la célébrité dans deux milieux fort différents: celui du cirque et des variétés en se produisant dans des théâtres aussi célèbres que les Folies-Bergère, l’Alhambra ou l’Olympia et simultanément dans le milieu scientifique, en particulier à l’hôpital de la Salpêtrière où il est minutieusement étudié par J. – M. Charcot, le célèbre neurologue et aliéniste. Il côtoie Alfred Binet, Camille Flammarion et tant d’autres à la Sorbonne et à l’Académie des Sciences.
Célèbre et riche, il parcourt le monde jusqu’en Nouvelle-Zélande et étonne par ses talents. À l’époque sciences, parasciences et illusionnisme font bon ménage.
Peu à peu son étoile s’éteint, surtout après la première guerre mondiale et il meurt après la deuxième guerre dans l’oubli mais pas dans la misère en 1950 à Champigny – sur – Marne.
La présentation de la vie de cet homme extraordinaire, représentant illustre des immigrés italo-français de la première génération, se termine par des questions posées à Christine Taligault, médecin psychiatre. Giacomo Inaudi a-t-il été un autiste de type Asperger? Difficile de répondre…dans un débat qui s’interroge sur génie et folie à la Belle Epoque.