La Dante en musique sous le soleil de Toscane

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Si l’on devait définir un art musical caractérisant le mieux l’Italie, beaucoup citeraient l’opéra, tant ce pays a excellé dans cet art. Et si l’on vous demandait de situer le cœur de l’Italie, vous citeriez sans doute la Toscane en premier. Il n’est donc pas surprenant que dans la programmation de son voyage musical d’été, la Dante Alighieri, qui organise tout au long de l’année pour ses sociétaires la participation à de nombreuses représentations d’opéras italiens en France ou à l’étranger, ait choisi le festival de Massa Marittima, petite ville toscane de caractère. Imaginez un cœur historique, avec sa piazza centrale, une des plus belles du monde, ce théâtre fermé de la vie sociale italienne et de sa passeggiata, losange magnifique entre somptueuse cathédrale romano-gothique et palais gothiques aux nobles façades…

On y place une vaste scène entre cathédrale et palais, sous un ciel nocturne bleu outremer, dans une température délicieuse, et l’orchestre entame les premières notes de la Tosca de Puccini. Orchestre de qualité, chanteurs honnêtes, mise en scène classique, costumes soignés et nous voilà embarqués dans les malheurs de la trop belle et trop amoureuse Floria Tosca. Bien sûr elle finira par se jeter du haut des murailles du Château St Ange, mais on s’en fiche un peu, la musique est si belle et l’air si léger. Le lendemain soir nous voilà plongés cette fois dans les affreux tourments de la belle et innocente Gilda du Rigoletto de Verdi, l’un des plus grands rôles de soprano. Elle finira par mourir dans le sac destiné à son amant, mais là aussi on s’en fiche un peu, le dernier duo étant si beau. Et pour la troisième soirée on s’amuse des démêlés sentimentaux de ce pitoyable Don Pasquale, et de la malice de Norina, œuvre de Donizetti, le spectacle peut-être le plus apprécié des trois, d’abord pour ses célèbres mélodies, mais aussi parce que cet opera buffa n’a au pire que quelques gifles à nous offrir et point de poignard sanglant. Une belle fin pour trois soirées d’un art qui peut être à la fois si différent et si exaltant.

Mais dans la journée, me direz-vous ? Tôt le premier matin nous étions déjà en route pour la Rotonde de Montesiepi où l’on conserve l’épée du saint local, Galgano, fichée dans un roc sous une belle coupole, pieuse relique qui fait toujours son effet. De la chapelle, promenade champêtre inspirée pour descendre jusqu’aux impressionnantes ruines de l’ancienne abbaye cistercienne de San Galgano. Puis retour à Massa Marittima pour la visite de cette cité médiévale : musée de San Pietro à l’Orto qui abrite entre autres la célèbre Maestà de Lorenzetti, Torre del Candeliere, palais et maisons diverses. Visite de la Cathédrale, chef-d’œuvre du romano-gothique pisan, musée archéologique avec sa statue-stèle en grès et, bien sûr, la très pittoresque fontaine de l’abondance, mais on n’en dira pas plus sur cette dernière, il fallait venir avec nous pour découvrir sa grande fresque coquine du XIIIème siècle récemment dévoilée. Les plus courageux visitèrent même en fin d’après-midi le Musée de la Mine, des mines de fer ayant été exploitées depuis l’antiquité étrusque dans la région.

Le lendemain, à peine remis du suicide spectaculaire de la désespérée Tosca, nous embarquions avec notre car et son émérite conducteur pour l’Ile d’Elbe où la Villa dei Mulini, avec vue imprenable sur la Méditerranée, superbement restaurée et remeublée, servit à Napoléon de résidence en son très court exil. Un tour de l’île nous offrit le spectacle de ses paysages variés et fort beaux, caractéristiques de toute île méditerranéenne, un enchantement.

Toujours attristés du suicide injuste de la naïve Gilda la veille au soir, nous repartions le lendemain matin pour l’exceptionnelle cité étrusque de Volterra, entre ciel et terre, posée là sur un étonnant paysage dépouillé d’arbres, collines doucement nues modelées par des millénaires de cultures intensives. La cité est certainement l’une des plus authentiques villes historiques de Toscane, au même titre que ses voisines Sienne et Florence à laquelle elle fut longtemps assujettie. Les richesses artistiques et architecturales de la ville sont telles qu’un inventaire serait hors de propos ici. Citons malgré tout le célèbre musée étrusque Guarnacci et ses milliers d’urnes funéraires, touchantes parfois, amusantes, impressionnantes aussi, reflet d’une civilisation qui a voulu, comme tant d’autres, laisser le plus vibrant témoignage de sa vie dans son art funéraire. Enfin on travaille ici l’albâtre avec talent depuis plus de 2.000 ans et nous avons visité un atelier de sculpture de ce beau matériau.

La région possède les plus importantes installations géothermiques du monde et toutes sortes de manifestations géologiques, tels les célèbres soffioni.

Sur la route du retour nous attendait une surprise : à la hauteur de Pise, la magnifique basilique romane de San Piero a Grado, construite sur l’emplacement où, dit-on, saint Pierre débarqua de Palestine…

Voyage réussi sur tous les plans, bonne humeur et convivialité sous le regard toujours bienveillant de Christiane Michel, qui a une fois de plus réussi son pari de partager avec nous sa culture immense de la Péninsule, en toute amitié.

Compte rendu d’un des participants au voyage à Massa Marittima (2/6 août 2017)

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