La Dante ne pouvait manquer d’organiser pour ses sociétaires la visite d’une des expositions les plus remarquables de cet été, celle sur le traitement de la lumière dans l’œuvre du peintre vénitien Canaletto qui se tient à l’Hôtel de Caumont, à Aix en Provence. Canaletto (1697-1768) est le maître des « vedute », ces représentations perspectives de paysages urbains particulièrement prisées par les voyageurs anglais du Grand Tour. C’est par des décors de théâtre qu’il commence sa carrière, avant de suivre son père à Rome qui lui inspire les « capricci », paysages réels revisités et ornés d’éléments architecturaux issus de l’Antiquité. De retour à Venise, il connaît, grâce à ses « vedute » et à ses scènes historiques, un succès international et devient l’un des peintres les plus célèbres de son temps. La guerre entraîne une diminution des commandes, si bien qu’il part à Londres en 1746. La lumière de la Tamise l’amène à modifier sa palette. Lorsqu’il revient à Venise en 1755, il supportera mal la concurrence de son neveu Bellotto et du grand Guardi. Une partie de l’exposition est consacrée à la technique de Canaletto, montrant des dessins réalisés grâce à la « camera oscura » et des feuillets de ses carnets. On ne pouvait rêver cadre plus adapté que l’hôtel de Caumont, joyau de l’architecture du XVIIIe siècle magnifiquement restauré et meublé. Aix étant la ville de Cézanne, était également projeté un film sur cet autre maître de la couleur et de la lumière.
Tout a contribué à faire de ce week-end des 27 et 28 juin une parenthèse enchanteresse: les paysages provençaux, champs de lavande, oliviers et pins, lauriers-roses odorants; les visites, de l’abbaye cistercienne de Silvacane, émouvante dans son dépouillement, d’Aix avec ses hôtels particuliers, ses places et ses fontaines; le concert dans la cathédrale Saint-Sauveur, où le chœur Cantabile interprétait des œuvres de Purcell et autres compositeurs anglais; sans oublier les repas pris sur des placettes ombragées ou sous les lambris de l’Hôtel de Caumont…